Mon nom est Scott Anton, je suis agriculteur et bûcheron dans le Maine, aux États-Unis. J'ai 48 ans et toute ma vie, j'ai travaillé la terre pour gagner ma vie.
Ce n’est réellement que l'année dernière, alors âgé de 47 ans, que j'ai pris un chambre photographique et que j'ai décidé de faire des plaques au collodion humide. Ce fut le début de mon voyage.
J'ai passé toute ma vie à chercher qu’elle était ma vocation, quel était mon art, quelle était ma façon de dire ce que je ressentais en tant qu'artiste. Je me suis essayé à d'autres formes d'expressions artistiques mais c'est réellement dans la photographie et le collodion humide que je me suis trouvé.
J'aime ce moyen d'expression car il est pratique, physique et demande du savoir-faire.
Ce procédé photographique particulier est très instable et la chimie est si sensible que certains jours, elle n'en fait qu'à sa tête.
L'ensemble du procédé, en termes de produits chimiques à utiliser pour produire des images sur des plaques de métal ou de verre, fait main et de façon artisanale, est donc très semblable à ce que je fais en tant qu'agriculteur.
J'aime raconter une histoire, celle d'une personne ou même d'une vieille maison. J'aime que les choses soient réelles plutôt que fictives – Ce qui est. Les images ne sont pas faites pour ressembler à quelque chose mais pour raconter une histoire. Je crée des images qui me ressemblent, ma vie avec la terre et les amours de ma vie.
Ma vie. J'ai une idée de la vie, une manière de saisir mes émotions et le monde qui m'entoure, comme tout le monde ? Donc, j'essaye de capturer ça. Mon expérience.
Romantique, beau, doux, tactile, éphémère, onirique.
J'ai eu la chance de rencontrer et d'échanger avec de nombreux photographes, surtout ceux qui utilisent ce procédé particulier. Ces artistes sont mes amis et ils m'inspirent chaque jour en produisant des images que je trouve fascinantes.
Il s'agit des photographes très connus ou des professionnels mais aussi des inconnus, des hommes ou des femmes, des amateurs qui ne font des photos que le week-end.
J'ai commencé mon parcours ne sachant pas grand-chose, j'ai donc une réelle affinité avec le débutant qui découvre sa voie.
Il faut beaucoup de matériel pour ce procédé ! Il demande une rapidité d'exécution, moins de 5 minutes entre l'exposition et le développement. Il exige également une chambre noire portative avec l'ensemble des produits chimiques et le matériel nécessaires au traitement. Ajoutez à cela les plaques de métal ou de verre, plutôt que du film, et l'utilisation de plusieurs chambres photographiques avec des objectifs en laiton... Je photographie toujours en extérieur loin de tout laboratoire classique. Si je pars en voiture, l'équipement prend toute la voiture !
Et puis, il y a les problèmes techniques... les plaques doivent être humides et elles peuvent donc geler ou sécher facilement. Mais néanmoins, je prends des photos sous la pluie, la neige, la chaleur ou le froid... rien n'est simple ou facile...
Et enfin, il y a la préparation « artistique » avec le modèle mais je me fie à mon expérience et cela vient naturellement.
Ma toute première plaque, je l'ai faite avec un vieil appareil photo Brownie qui était fendu et avait avec une fuite de lumière. J'ai découpé un morceau de verre sensibilisé au nitrate d'argent et je l'ai coincé à l'emplacement du film.
Mon second appareil photo, je l'ai fabriqué moi-même dans du bois de cèdre, une simple boîte sans soufflet. Maintenant, j'utilise des chambres photographiques plus standards, plus grandes et à soufflet. En ce moment, mon dada, c'est une Burke & James 5x7 (13x18 cm).
Le collodion humide est mon procédé préféré. Sinon, j'aime travailler en extérieur et en lumière naturelle ; le collodion humide est particulièrement sensible aux ultraviolets, ce qui donne à la peau des tonalités intéressantes et des effets étranges sur certaines couleurs foncées ou claires comme les bleus ou les jaunes.
J'aime expérimenter les choses avec des lumières et des ombres naturelles.
Lorsque j'ai commencé, j'étais très « expérimental », c’était juste pour voir ce qu'il était possible de faire.
Comme je progresse, je sens que je peux travailler plus dur, être plus patient et concentré sur un projet : rester toute une journée pour une prise de vue s'il le faut pour essayer de bien faire les choses.
L'Internet est la seule véritable façon de trouver ce dont j'ai besoin pour utiliser ce procédé. Je vis essentiellement dans les bois plus ou moins au milieu de nulle part, mais avec Internet, la communauté des collodionnistes humides est à portée de main. Je sens un besoin intense de connaître mon monde, mes amis artistes et les maîtres de cette technique.
Je suis un irréductible romantique. J'aime voir des images magnifiques et je comprends les émotions qu'elles créent. Dans mon propre travail, je suis si heureux quand je parviens à produire quelque chose qui ne reflète pas seulement ce que je ressens mais provoque une émotion chez les autres. C'est la capture de quelque chose d'important, de beau et de spécial.
Ce travail n'est qu'une partie de ma vie, mais c'est un élément très important, qui influe directement dans mon couple, mon amour, mes relations avec les autres et la beauté autour de moi et de nous tous.
Simplement continuer à travailler. J'aime avoir des projets -c'est comme cela que je gère ma vie.
La photographie me prend quand elle veut, il me simplement arriver à suivre...
Je suis si heureux d'avoir cette occasion de montrer mon travail dans un environnement que je ressens comme le reflet d'une certaine partie de ma vie. C'est si naturel, c'est exactement là où je voulais être.